Idées & Débats / Idées
Les plateformes du Web

Les plateformes du Web
Pourquoi les « plateformes du Web » ? Simplement parce qu’elles ne sont presque plus apparentes. Elles sont passées dans notre quotidien si bien qu’elles ont lentement et sournoisement conquis (acquis ?) chacun de nous.
____________________
Par Pierre Boniface (Ai. 163)
Publié le 2025-05-26
 
Pourtant, ces machines sont prêtes à broyer et à dénaturer les nouvelles et les faits, les images et les séquences de films, jusqu’à faire de la vérité un mensonge. Elles sont d’autant plus fortes qu’elles sont inaccessibles. Avez-vous essayé de contacter la direction de ces plateformes, de demander plus de détails sur une affirmation, de formuler une réserve sur une prise de position ? Votre vœu demeure pieu, car il n’y a pas de correspondant disponible, encore moins d’interlocuteur responsable.
L’urgence et la nécessité de la demande tombent très vite. On s’en remet au sérieux ou non de l’interlocuteur supposé, et l’on passe à autre chose. C’est exactement ce que la plateforme souhaite : que vous vous fatiguiez vite et passiez à autre chose. Rien n’est contesté, faute de contestation possible. La chose devient une vérité indiscutable.

Je suis effrayé par la puissance des plateformes et leur incidence. Je ne comprends pas que, sous le vulgaire prétexte de commodité, l’on puisse se laisser assujettir.
On voit même de pauvres utilisateurs se débattre et s’évertuer à démontrer à d’autres que leur plateforme est la meilleure, la plus vertueuse, la plus digne de foi avec, souvent, des photos truquées à l’appui.

Triste constatation puisque c’est celle qui aboutit, dans certains cas, au harcèlement moral et au comportement ((lequel ?)), si fatal aux jeunes, attentifs ou non.
S’il ne s’agissait que de pouvoir occulte, on pourrait espérer le contre-effet possible par les idées et le raisonnement, mais la possession de plateformes se double d’un pouvoir d’argent et d’accumulation qui défie le bon sens et la raison. Ce pouvoir, tel un carburant magique, fait voler en éclats tout souci de mesure, de partage et de retour vers les utilisateurs qui sont pourtant, malgré eux, la source unique de leur richesse et la garantie de leur constance immuable.

Le dire n’est rien, mais a-t-on cherché à évaluer la richesse mondiale de tous ces responsables de plateformes, dont, par recoupements ou indiscrétions, la richesse, en quelques années, se chiffre facilement en milliards de dollars ?
Cette démarche des plateformes est un vaste hold-up sur le besoin d’échange entre les gens, qui n’a jamais été privatisé ni confisqué à ce point dans les mains de quelques-uns. Les ingénieurs les utilisent aussi, tout en sachant ce qu’elles sont. Rien de plus.


Pierre Boniface (Ai. 163)