Technologie / Robotique
Iso-Top : un robot de désamiantage sur le rooftop

Iso-Top : un robot de désamiantage sur le rooftop
Le désamiantage des toitures industrielles, jusqu’ici très peu automatisé, implique des risques forts pour les opérateurs. Pour répondre à ce double enjeu humain et environnemental, la société Iso-Top a développé un robot piloté à distance capable de retirer les plaques de toiture amiantées en toute sécurité. Pour concevoir les innovations technologiques nécessaires et les articuler dans une solution opérationnelle et industrialisable, la PME s’est appuyée sur l’expertise d’AMValor, tout en profitant du dispositif France Relance.
Eric Roubert
Iso-Top, PME d’une cinquantaine de personnes installée Reims, Paris et Belfort, est spécialisée dans le secteur du bâtiment industriel (étanchéité, couverture, bardage). Stanislas de Benoist, son directeur, explique que l’entreprise s’est positionnée sur le vaste enjeu de l’amiante dès le lancement du plan «Recherche et développement amiante» (PRDA).
AMVALOR, PARTENAIRE R&D D’ISO-TOP
Dès 2018, l’entreprise Iso-Top entre en contact avec l’Ensam et AMValor pour concrétiser son projet de désamiantage des toitures industrielles. «Le véritable enjeu de cette innovation était de développer une solution suffisamment robuste et modulaire pour satisfaire les exigences propres au secteur du bâtiment. C’est une chose de concevoir un robot qui fonctionnera dans les conditions optimales d’un atelier d’usine, c’en est une autre de fabriquer un robot adapté à tous types de chantiers, confronté aux intempéries et à des conditions d’usage difficiles» ,explique Josselin Schumacker (Me. 208), ingénieur de recherche chez AMValor depuis dix ans. Le Gadzarts a développé pour la PME rémoise le premier prototype du robot. Selon lui, la collaboration avec Iso-Top a été exemplaire : «C’est un travail partagé. Nous avons rédigé le cahier des charges et conçu ensemble le prototype, avec Valentin Poitevin, Augustin et Stanislas de Benoist, côté Iso-Top, Thierry Sidot et moi-même côté AMValor.
UN VRAI TRAVAIL D’ÉQUIPE
«Avec les ingénieurs d’Iso-Top, nous formons une véritable équipe très motivée», poursuit Josselin, enthousiaste. «Nous avons une forte culture d’ingénierie et de technologie en interne, renchérit Stanislas de Benoist. Nous sommes des passionnés et nous avons pu travailler avec d’autres passionnés ». En 2021, le premier prototype du robot peut donc être testé en conditions réelles, chez un industriel présentant un échantillonnage des difficultés majeures auxquelles sera exposée la machine. Ce qui était formidable, souligne Josselin, c’était de pouvoir tester le robot avec l’équipe. Dès le départ, l’un des facteurs clés de succès que nous avions identifiés était l’appropriation du dispositif par les opérateurs. Il fallait innover, tout en les maintenant dans un environnement familier. C’est d’ailleurs en se fondant sur le retour d’expérience de ce premier test que l’équipe Iso-Top – AMValor construit le cahier des charges de la version 2, destinée à aboutir à un prototype industriel.
UN NOUVEAU CAP FRANCHI AVEC FRANCE RELANCE
La suite de l’histoire s’écrit avec Clément Prélot-Ebrignetti, recruté par AMValor sous contrat France Relance afin de participer à l’élaboration du nouveau prototype. Les premiers essais ayant démontré que le système fonctionnait, il s’agit dès lors de travailler sur la robustesse de la machine et de fiabiliser l’ensemble du dispositif. C’est AMValor qui nous a présenté l’opportunité d’un recrutement soutenu par France Relance, reconnaît Stanislas de Benoist. Ils ont élaboré le contrat et trouvé la bonne personne très rapidement. C’était une solution clés en main très avantageuse pour permettre notre projet de franchir un nouveau cap.» Les étapes se sont ensuite enchaînées très vite, comme le confirme Clément: «J’ai envoyé mon CV et j’ai eu une réponse dans les 48heures. J’ai passé l’entretien et, le soir même, on me disait que c’était OK.» Pour ce jeune diplômé de l’École nationale d’ingénieurs de Metz (ENIM) et d’un master Arts et Métier, la mission proposée «cochait toutes les cases». «En sortant de l’école, je ne voulais surtout pas me retrouver coincé dans un bureau à faire la même chose toute la journée, explique-t-il. Je voulais quelque chose de polyvalent et de transversal. En plus, c’était dans ma région.»
VERROUS TECHNOLOGIQUES ET JUMEAU NUMÉRIQUE
L’un des verrous technologiques du projet était le temps de latence entre le robot et le téléopérateur, qu’il fallait donc réduire. «Passer en dessous de 200ms, c’est une barrière difficile à franchir si on veut maintenir des coûts raisonnables. Cela agite beaucoup de compétences en informatique, en radio, en électronique, en réseau et en robotique», détaille Clément. «Mobiliser la rigueur de la démarche académique et l’excellence des compétences de recherche publique pour un projet concret à fort potentiel de développement, c’est vraiment très satisfaisant pour une première expérience», se réjouit le jeune homme. «Désormais, Clément et moi travaillons ensemble sur des segments complémentaires du projet», indique son collègue Josselin. Alors que ce dernier supervise l’architecture globale(dispositif de préhension et dépose des plaques, déplacements du robot, etc.), le premier se concentre sur le contrôle visuel à distance par le téléopérateur, installé dans une cabine au sol, ainsi que sur la conception mécanique du module de désolidarisation des plaques. À noter également: la conception d’un jumeau numérique du robot d’Iso-Top avec l’institut Arts et Métiers de Laval permettant d’ajouter un visuel virtuel global au dispositif de visualisation de terrain.
Stanislas de Benoist annonce que la version définitive du robot, baptisé «Rodde», sera prête au troisième trimestre. Le brevet a été déposé en 2022 et, dès la fin de cette année, nous pourrons ainsi fournir à nos clients une prestation complète, avec la machine et son pilote. Bien entendu, au fur et à mesure de la demande, nous produirons d’autres robots pour pouvoir conduire plus de chantiers. »C’est tout ce que l’on peut souhaiter à Iso-Top et à Rodde, co-conçu avec les équipes d’AMValor. Rendez-vous sur les toits d’ici quelques mois…