Plongée dans l'univers fabuleux des matériaux avancés
Arkema a inauguré le 21 mai à Paris la Défense son tout nouveau showroom, baptisé le Lab (Learn Arkema Better). L’occasion de découvrir de façon pédagogique et ludique la large palette d’activités de cet acteur français majeur des matériaux de spécialités.
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Par Christophe Duprez
Publié le 2025-05-26

« Notre précédent showroom a accueilli 25 000 personnes. Nous visons encore mieux avec celui-ci ! » Thierry Le Hénaff, PDG d'Arkema, affiche d’emblée ses ambitions. Et force est de constater que son groupe, spécialisé dans les matériaux avancés (37% du chiffre d’affaires), les adhésifs (29%) et les revêtements (26%), s’en est donné les moyens.
Implanté sur 200 m² au cœur de son nouveau siège social situé dans le quartier d’affaires de la Défense, le Lab propose en effet une expérience « immersive, interactive et évolutive ». Le public visé va des collégiens aux clients, en passant par les salariés, les partenaires et les étudiants. L’occasion de découvrir les dernières tendances et innovations technologiques du groupe qui, fort d’un chiffre d’affaires de 9,5 milliards d’euros, emploie plus de 21 500 personnes à travers le monde, réparties dans 157 usines et 55 pays. « Notre premier marché est l’Amérique du Nord qui représente 37% des ventes, suivie de l’Asie (35%) et l’Europe (33%) ». Pas moins de 1 800 chercheurs œuvrent ainsi dans 17 centres de R&D répartis sur ces 3 continents.
Thierry Le Hénaff - ©Bruno Mazodier
Photo du titre : Le Lab avec les écrans avec douche sonore (à gauche), l'Objethèque (au fond) et le Banana Lab (à droite) - crédits Olivier Guerrin
Priorité à la durabilité
« La recherche constitue notre ADN », confirme le dirigeant. Alors que 2,9% du chiffre d’affaires est réinvesti dans ce domaine, 245 nouveaux brevets ont été déposés en 2024, 90% d’entre eux liés au développement durable. « Les matériaux recyclables et durables constituent l’avenir de notre industrie ». Une priorité environnementale déclinée autour de 4 axes principaux : l’allègement et le design des matériaux ; le développement des matériaux biosourcés ou obtenus par biosynthèse ; l’utilisation de procédés plus performants et vertueux ; l’économie circulaire. Le visiteur retrouve chacun d’eux dans le Lab qui présente des exemples pour chacun des 5 domaines dans lesquels Arkema réalise sa plus forte croissance : les énergies vertes et la mobilité électrique, les bâtiments et l’habitat performants, les biens de consommation durables, l’électronique avancée, et la santé et le bien-être.
Des applications multiples

Ses larges allées au design blanc et bois élégantes et épurées sont émaillées d’écrans tactiles à côté desquels sont disposées différentes réalisations. Les commentaires, accessibles en français, anglais et chinois, sont dispensés à travers des « douches sonores » sous lesquelles le visiteur se place. Il peut y manipuler à la fois les chaussures ultralégères d’Antoine Griezmann et d’Usain Bolt, la selle et le guidon d’un coureur du Tour de France, des lunettes, des matériaux destinés à être testés sur la Lune, des composants de batteries électriques, des filtres à eau ultraperformants, une guitare, un tube de mascara, des colles, un petit réservoir à hydrogène, un bouchon de vin inodore, un revêtement de toit anti-chaleur, un panneau solaire, un odorisant pour gaz naturel… et même une peau de fromage et une figurine de la Panthère rose !
Cette multitude d’objets et d’applications est organisée autour de 7 zones interactives concoctées par le médiateur scientifique Frédéric Cavicchi et son équipe. « La première, baptisée Voyage dans l’univers d’Arkema, présente sur le plus grand écran tactile d’Europe les principaux chiffres et données du groupe », explique-t-il. Dans le Banana Lab, le visiteur peut réaliser des expériences de chimie. Une troisième zone, constituée de 5 écrans tactiles, propose des animations 3D sur les dernières innovations et leurs applications au quotidien : batteries lithium-ion, construction, électronique… Une quatrième est consacrée au recyclage des produits Arkema, anticipé dès leur création, ainsi que ceux de ses clients. L’Objethèque expose différents produits finis élaborés avec ses matériaux et regroupés par thèmes : sport, cosmétiques, électronique, bâtiment…
Le Lab avec le plus grand écran tactile d'Europe - © Olivier Guerrin
La zone 6 scanne une voiture sur laquelle apparaissent les différents composants susceptibles de comprendre des solutions développées par le groupe. Enfin, Once upon a time regroupe 10 objets iconiques qui, une fois posés derrière l’écran transparent, sont expliqués à l’aide de vidéos.
Nous avons sélectionné quelques exemples, cette liste étant très loin d’être exhaustive !
Christophe Duprez, à Paris la Défense
Un allié majeur pour la décarbonation des transports
Au fil de nos déambulations, nous nous arrêtons devant une vitrine entièrement dédiée à l’aviation. « Face aux défis à la fois économiques et environnementaux auxquels est confronté ce secteur, les matériaux allégés permettent de réduire la consommation en rendant les appareils plus légers, plus propres et plus sûrs », souligne Frédéric Cavicchi. Un petit film illustre plusieurs réalisations dans ce domaine.
Plus loin, sur la voiture scannée, apparaissent une trentaine de points d’intervention possible pour Arkema. « Les nouveaux véhicules sont truffés de matériaux avancés, y compris au niveau des écrans ». Un tuyau en plastique biosourcé à base d’huile de ricin (voir encadré) est notamment présenté : sa conception et sa composition le rendent inattaquable par les résidus de polymères générés par le carburant qui encrassent habituellement les moteurs.
Des solutions en batterie(s)

Un écran et un espace d’exposition sont consacrés aux batteries, au premier rang desquelles les lithium-ion présentes notamment dans les téléphones. Exemple parmi d’autres visible sur l’écran, le séparateur qui protège et régule les échanges d’ions entre les deux électrodes a tendance à devenir poreux avec le temps, causant un déchargement plus rapide de la batterie. Aussi Arkema a-t-il conçu, au sein de son centre recherche lyonnais dédié à ce thème, un matériau spécial capable d’accélérer les flux d’ions tout en luttant contre cette dégradation. « Dans le monde, une batterie de téléphone sur trois est équipée de matériaux Arkema », précise Frédéric Cavicchi. Certains d’entre eux, très résistants et aux propriétés thermiques particulières, sont également présents à l’extérieur des batteries afin de contenir et faire redescendre la chaleur qu’elles génèrent : « ce sont les mêmes que l’on retrouve dans les avions ou les trains, notamment dans les nouvelles michelines ». Un travail spécial est réalisé au niveau de la R&D pour rendre recyclables la plupart des composants.
Dans le domaine des téléphones portables, le Lab fait aussi la part belle aux capteurs piézoélectriques qui permettent de littéralement radiographier le pouce de l’utilisateur pour plus de sécurité. Le même système se retrouve sur la surface des réservoirs d’hydrogène pour détecter toute dilatation, même minime, de l’enveloppe. Cette technologie relativement économique peut s’appliquer aussi bien au monde de la maison (sécurité, papier peint réfléchissant les sons…) qu’à la sécurité des différents types de transports.
Frédéric Cavicchi - © Bruno Mazodier
Des filtres qui sauvent des vies
Au niveau des expériences chimiques, Frédéric Cavicchi dévoile, dans le Banana Lab, un réservoir rempli d’une eau translucide des plus souillées. « Chaque année, trois millions de personnes meurent dans le monde de problèmes liés aux parasites et virus présents dans l’eau », déplore-t-il. Pour pallier ce problème, Arkema s’est spécialisé dans la nanofiltration, concevant des membranes dotées d’orifices compris entre 10 et 50 nanomètres, capables de bloquer 99,9% des bactéries et virus. Seuls l’eau et les sels minéraux passent. Quand les membranes sont recouvertes, un surpresseur les nettoie et évacue les éléments toxiques sous forme de boues. « En France, un litre sur deux d’eau du robinet est traité par solution membranaire, dont la moitié par Arkema », conclut-il en buvant le liquide initial rendu limpide après son passage dans le filtre.
Le recyclage en vedette
Dans la zone dédiée à ce thème est exposée une chaussure constituée entièrement de polymères recyclables, au modèle économique bien particulier : elle est louée, de façon à s’assurer qu’elle revienne au vendeur pour qu’il puisse ensuite la traiter.
Plusieurs exemples sont proposés sur les écrans. Parmi ceux-ci, une bouteille en PET est broyée sous forme d’écailles, traitées pour constituer une pâte d’où sont extraits acides et alcools, recyclés sous forme d’une peinture en poudre sans solvant qui vient recouvrir des kitchenaids. Un autre film illustre le retraitement d’un goudron d’enrobé qui se voit adjoindre un tensioactif, développé à Lyon, qui permet de baisser la température de 160 à 120°, le rendant plus facile à opérer pour les ouvriers et plus respectueux de l’empreinte carbone.
Des matériaux avancés… à base d’huile de ricin !
Arkema est le seul industriel à posséder un brevet sur des bioplastiques à base d’huile de ricin. Ses molécules 100% biosourcées allient hautes performances, empreinte carbone réduite et recyclabilité pour un vaste champ d’applications. Sont notamment visibles sur le Lab une colle Bostik (marque du groupe, comme Sader), vendue comme « la plus résistante du marché aux hautes températures », des skis, un putter de golf en impression 3D à base de poussière de ricin, la chaussure de ski la plus légère au monde ou encore un aileron de surf contenant cette technologie. Laquelle constitue aussi un allié de choix dans le domaine automobile où, comme le rappelle Frédéric Cavicchi, « réduire de 100 kilos le poids d’une voiture permet d’économiser 0,4 litres d’essence aux 100, et 10 grammes de CO2 au kilomètre ». Même constat au niveau des chaussures, les modèles légers présentés pouvant permettre, selon lui, un gain d’une à deux minutes tous les 10 kms lors d’un marathon. Au regard des dernières compétitions mondiales d’athlétisme, l’industriel estime ainsi à environ 80% le taux de médaillés ayant sur eux des matériaux
Arkema.