Initié pour organiser la résilience de l’économie nationale face à la crise sanitaire, le plan France Relance porte également une ambition d’avenir forte: bâtir la France de2030, un projet qui passe nécessairement par la mobilisation des compétences en recherche et en ingénierie. C’est dans cet objectif qu’une enveloppe initiale de 300millions d’euros été dédiée à un puissant dispositif de préservation de l’emploi dans le domaine de la R&D. Très concrètement, l’État prend en charge jusqu’à 80% de la rémunération du personnel impliqué dans des contrats de recherche entre un laboratoire public et une entreprise. Les contrats s’adressent à la fois aux ingénieurs en CDI au sein des entreprises et aux jeunes diplômés.

Complexité administrative, multiplicité des dispositifs post-Covid proposés aux entreprises, délais de dépôt des dossiers écourtés, accélération de la reprise économique, tensions sur le marché de l’emploi industriel... autant de facteurs qui ont contribué à ce que la mesure initialement calibrée par les pouvoirs publics pour 2000 bénéficiaires n’ait finalement profité qu’à 1400personnes en France. Un bilan en demi-teinte au sein duquel les Arts et Métiers sont pourtant parvenus à se distinguer par leur efficacité.

« Ce dispositif repose sur des partenariats entre entreprises et laboratoires publics; c’est le cœur de métier d’AMValor, rappelle Stéphane Desmaison. Devant les enjeux sociétaux et économiques d’un tel projet, le groupe Arts et Métiers s’est positionné dès décembre2020 auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et il est naturellement revenu à notre filiale d’orchestrer ce dispositif. » Le directeur « du bras économique » du groupe Arts et Métiers poursuit : « Le dispositif était complexe, et il fallait être très réactif et suffisamment agile pour monter les dossiers de candidature en respectant les délais et les contraintes imposés par les pouvoirs publics. C’est dans notre ADN d’être proche des entreprises, de comprendre leurs besoins et de nous adapter, tout en satisfaisant avec beaucoup de rigueur et d’efficacité aux contraintes réglementaires. »

Il était essentiel, selon Bertrand Coulon (Cl.195), que cette opportunité soit poussée vers les PME: « Au quotidien, nos clients font appel à nous pour lever les verrous technologiques de leurs projets, mais nous avons également l’habitude de lever les blocages administratifs et réglementaires qui freinent parfois l’accès des PME aux dispositifs d’aide et de financement publics. » In fine Stéphane Desmaison ne cache pas sa satisfaction en annonçant que « les PME-ETI représentent 65% des contrats mis en place par AMValor, 50% pour les seules PME. Le détail des chiffres témoigne d’ailleurs de résultats très équilibrés dans la répartition des publics et des territoires, ainsi que dans les types d’entreprises.

« C’est grâce à la forte mobilisation de nos laboratoires sur tout le territoire que nous avons puréussir cet exploit », souligne Stéphane Desmaison. Le défi était pourtant de taille. « Ce n’est pas rien d’accueillir 43 ETP [équivalents temps plein] supplémentaires en quelques mois, confie-t-il. Il faut les intégrer dans les équipes, tout en épousant les contraintes et les modes de fonctionnement de chaque entreprise partenaire.» Le directeur d’AMValor est très attentif à l’esprit d’équipe et à la fluidité des collaborations partenariales avec les entreprises: «Notre plus belle réussite est la bonne intégration de ces nouveaux effectifs, aussi bien au sein de nos laboratoires que dans les entreprises partenaires. Chez Saint-Gobain, par exemple, les jeunes salariés AMValor sont même intégrés à l’organigramme officiel.»

Pour Bertrand Coulon (Cl. 195), cette aide contribuera, bien au-delà de son terme, à renforcer les relations entre la recherche publique et les industriels: «Pour nos enseignants-chercheurs, nos ingénieurs de recherche et nos doctorants, ce n’est pas nouveau d’aller en entreprise. Par contre, l’intégration dans nos laboratoires d’ingénieurs salariés chez nos clients est une vraie valeur ajoutée de ce dispositif. Travailler ensemble, dans un même espace, au sein des mêmes équipes et sur un même projet ne pourra que renforcer durablement le rapprochement entre recherche publique et industrielle ». La confiance et la durée: ce sont les deux piliers de la stratégie de recherche partenariale portée par AMValor. « C’est ce que nous pratiquons depuis 50ans chez AMValor»,revendique Bertrand Coulon (Cl.195). Pour ce Gadzarts qui a dédié toute sa carrière aux transferts de technologie et aux partenariats R&D entre les Arts et Métiers et les industriels, le plan France Relance s’inscrit dans la droite ligne d’une démarche de long terme. Nous n’avons pas sorti les 40 entreprises partenaires du dispositif d’un chapeau de magicien, poursuit-il. France Relance nous a permis soit de concrétiser des relations déjà amorcées, soit de prolonger et d’accélérer des collaborations préexistantes. Les exemples de Someflu et d’Iso-Top, appuient la démonstration. « Avant que le dispositif n’existe, nous avions déjà des relations partenariales avec ces entreprises, précise-t-il. Nous connaissions leurs besoins, nous avions déjà collaboré et partagé leurs projets. Pas de mystère, donc, ni d’effet magique France Relance au cœur de la réussite d’AMValor, qui a enregistré en 2022 une croissance de 50% de ses contrats signés, simplement les fruits d’un travail de terrain de long terme au service des entreprises et de leurs besoins d’innovation.