Ingénieurs dans l’industrie : un marché de l’emploi dynamique

Alors que la demande en ingénieurs demeure soutenue dans l’industrie française, les employeurs se montrent moins généreux qu’ils ne l’ont été post-covid. Néanmoins, certains profils très recherchés tirent leur épingle du jeu, parmi lesquels les directeurs des opérations et les experts en IA, Data et maintenance. A l’occasion de la parution de sa nouvelle
étude de rémunération 2025, rencontre avec Maxime Alves, Senior Manager dans la division Ingénierie & Industrie du cabinet Robert Walters.
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Par Christophe Duprez
Publié le 2025-04-11
Votre enquête, réalisée auprès de plus de 1 300 cadres, fait apparaître que si les offres d'emploi ont globalement diminué de 9%, elles demeurent relativement stables pour les ingénieurs dans l'industrie. Pour quelles raisons ?
Il existe, dans une majorité de secteurs, une demande croissante en solutions techniques plus complexes et avancées, dont l’IA (+24% de demande d’ingénieurs entre 2023 et 2024) et l’analyse de données constituent les exemples les plus frappants. Elle stimule la demande en ingénieurs dans la totalité des secteurs, tous étant concernés. Il ne s’agit donc pas exclusivement d’ingénieurs industriels à proprement parler, mais aussi d’ingénieurs avec d’autres compétences qui se greffent au secteur.
D’autre part, alors que ce début d’année s’avère plus dynamique qu’espéré, il suffit d’allumer la radio pour s’apercevoir que l’industrie, comme le monde dans lequel elle s’inscrit, se trouve en pleine transformation. Pour le pire comme pour le meilleur. Tout cela crée le besoin d’attirer des compétences extérieures.
Quels sont les profils les plus recherchés ?
Il s’agit des postes de directeur des opérations. Mais ceux en maintenance, plus difficiles à dénicher car nécessitant des compétences techniques particulières dans un environnement managérial parfois compliqué, demeurent aussi très prisés. Autre domaine dans lequel nous avons de la demande et des difficultés à trouver : l’expertise technique, recherchée par les entreprises pour surmonter la période délicate actuelle. Enfin, depuis le début de l’année, l’HSE a le vent en poupe : responsables et directeurs n’ont jamais autant été convoités, vraisemblablement en raison de l’approche d’échéances d’engagements environnementaux.
Et au niveau des secteurs ?
Les moteurs sont la santé, grand habitué du palmarès, mais aussi, de manière plus circonstancielle, l’énergie, l’aéronautique et la défense.
A quoi doivent s’attendre les ingénieurs au niveau salarial ?
La pluralité des cas étant importante, je vous renvoie à la grille ci-dessous. Elle a en effet comme avantage de rendre compte de la situation des différents marchés, même si elle ne peut malheureusement refléter les disparités régionales et sectorielles.


Selon votre étude, près d'un ingénieur sur deux souhaite changer d'emploi cette année. Pourquoi ?
Il existe trois principaux leviers. Le premier est l’évolution de carrière : si la place convoitée dans l’entreprise actuelle est occupée, il part la chercher ailleurs. Le second est la quête de nouveauté : même s’il se trouve bien chez son employeur, il peut souhaiter découvrir un autre secteur ou poste. Enfin, il peut s’agir d’une question de management, la volonté de découvrir d’autres méthodes ou individus avec lesquels il sera plus en phase : si, il y a quelques années, les collaborateurs faisaient contre mauvaise fortune bon cœur par attachement à leur entreprise, ils hésitent de moins en moins à la quitter.
Ajoutons à cela que l’industrie se trouve actuellement en pleine transformation, ce qui amène les candidats à se poser des questions et les sociétés à se séparer de certains profils pour en attirer d’autres. Le changement peut ainsi être volontaire… mais aussi contraint !
Enfin, le facteur rémunération demeure déterminant même si 2024 s’est avérée difficile, les attentes se trouvant souvent éloignées de la frilosité des employeurs qui ont resserré les cordons de la bourse après des années post-covid plus généreuses. Aussi nous trouvons-nous aujourd’hui en présence de candidats moins gourmands pour valider le changement.
Pouvez-vous déjà nous donner quelques tendances pour les mois à venir ?
Premier constat : contre toute attente, le marché industriel demeure relativement actif et pourrait se maintenir à ce niveau, supérieur à 2024, jusqu’à la fin de l’année. Tout cela reste évidemment susceptible d’évoluer au vu du contexte économique et géopolitique mouvant et incertain, qui impacte les organisations et donc leurs projets de recrutements. Ensuite, la croissance sur les sujets IA se poursuit. Enfin, dans les secteurs, 2025 devrait continuer à être animée par les sujets d’actualité que sont l’énergie, le développement durable ou encore la défense.
Christophe Duprez