Technologie / Energie
Décarboner les avions, un grand défi

Décarboner les avions, un grand défi
L’avion émet globalement moins de gaz à effet de serre que les voitures ou la construction mais, ramené par personne par kilomètre, ce mode de transport devient, à l’évidence, l’un des plus gros émetteurs. Le nombre d’avions allant grossissant, son bilan va encore gonfler, à moins que les travaux menés sur les motorisations et les carburants alternatifs ne portent rapidement leurs fruits.
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Par Djamel Khamès
Publié le 2023-08-22
En 2050, le secteur aéronautique du Vieux Continent aura l’obligation d’avoir atteint un objectif de « zéro émission nette de CO2 », même si les émissions européennes ne représentent qu’environ 7% des émissions sur Terre (1% pour la France). Aujourd’hui, quelque 250000 avions volent à travers le monde. Parmi eux, 200000 sont classés dans « l’aviation générale », c’est-à-dire que leur poids est inférieur à 8,5tonnes, et leur capacité d’accueil à 19passagers. Le reste du parc est regroupé dans la catégorie « aviation commerciale » (poids≥8,5tonnes et capacité d’accueil≥19passagers). Cette dernière catégorie est composée des ATR, Airbus et autres Boeing... Bien qu’ils pèsent 80% du parc mondial, les aéronefs de l’aviation générale produisent environ 20% du CO2global, soit les proportions inverses de l’aviation commerciale. Aujourd’hui, l’effort de décarbonation engagé par les acteurs de l’aéronautique est principalement axé sur le type de propulsion et sur la nature des carburants. Pour aider la filière aéronautique dans cette voie, Clément Beaune, ministre des Transports, a annoncé le 9décembre dernier qu’elle pourra compter sur une subvention de 435millions d’euros dédiée à la décarbonation dans le cadre du programmeFrance2030. Le 14février 2023, les représentants officiels des secteurs aéronautique et énergétique lui ont remis, ainsi qu’aux ministres de la Transition énergétique, Christophe Béchu, et de l’Industrie, Roland Lescure, une feuille de route de décarbonation. D’autres sujets importent: les matériaux allégés, les procédés de fabrication moins énergivores, la circularité (éco-conception, réemploi, recyclage), etc. Plusieurs programmes de recherche et développement ont été initiés pour accélérer la décarbonation des avions. En France, l’appel à manifestation d’intérêt « mobilité aérienne légère et environnementalement responsable » (Maele), lancé en novembre2020 par le pôle de compétitivité Aerospace Valley, compte parmi les plus importants: 25 avionneurs et équipementiers, ainsi qu’une vingtaine de laboratoires planchent déjà sur différents sujets. Les défis à relever sont immenses, car les pistes techniques actuellement explorées ne sont pas encore totalement satisfaisantes, ni en matière d’autonomie ni en capacité d’emport. Se pose aussi la question de la sécurité liée aux batteries et au stockage d’hydrogène.