Bpifrance publie la troisième édition de son observatoire annuel des Startups

Pour la troisième année consécutive, Bpifrance publie son observatoire permettant de mesurer l’évolution du nombre de startups à vocation industrielle, de leurs caractéristiques et de leurs levées de fonds, ainsi que de leurs ouvertures de sites industriels. L’observatoire recense aussi les ouvertures de sites de PME et ETI industrielles. Bpifrance recense à fin 2024 plus de 3200 startups à vocation industrielle, dont une large majorité implantée en dehors de l'Île-de-France, totalisant plus de 65 000 emplois. Ces jeunes entreprises innovantes ont réalisé 212 levées de fonds pour un montant de 2,8 Mds€ en 2024 et ont inauguré 38 sites industriels. Les entreprises plus matures, PME et ETI industrielles ont quant à elles inaugurés 77 sites. Au total, ce sont 115 sites industriels inaugurés en 2024 par des startups, PME et ETI industriels françaises qui sont recensés dans l’observatoire Bpifrance, contre 118 en 2023 et 76 en 2022.
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Par Eric Roubert
Publié le 2025-03-04
Une startup à vocation industrielle développe, lors d’une phase de R&D, des innovations de produits ou de procédés impliquant à terme une production en série de biens matériels. Elle devient une startup industrielle lorsqu’elle fait le choix stratégique d’investir dans des moyens de production. Les startups à vocation industrielle constituent donc le vivier potentiel de futures startups industrielles.
Bpifrance recense, à fin 2024, 3200 startups à vocation industrielle sur l’ensemble du territoire. Près de trois quarts d’entre-elles ont leur siège en dehors de l’Île-de-France. Parmi ces startups :
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Un tiers sont des Deeptech, c’est-à-dire des entreprises qui portent une innovation basée sur une rupture technologique développée en lien avec le monde de la recherche.
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La moitié sont des Greentech, offrant une solution innovante qui améliore l’impact environnemental des entreprises ou des consommateurs finaux.
Ces 3200 startups à vocation industrielle en France peuvent être réparties en sept segments : l'industrie verte (21 %), la santé (19 %), les biens de consommation et d'équipements (14 %), l’agriculture et l’agroalimentaire (13 %), l'industrie 4.0 et l'électronique (12 %), les énergies (11 %) et la mobilité et les transports (10 %).
Les startups à vocation industrielle en France ont créé plus de 65 000 emplois et ont généré un chiffre d'affaires de plus de 4,8 milliards d'euros en 2024.
Les levées de fonds des startups à vocation industrielle représentent 36% des levées de fonds réalisées par la French Tech, et s’élèvent à 2,8 Mds€ en 2024 et à 10,8 Mds€ depuis 2022
En 2024, les startups à vocation industrielle françaises ont réalisé 212 levées de fonds pour un montant de 2,8 Mds€ (4,2 Mds€ en 2023, -32% en un an). Cela représente 36% des levées de fonds réalisées par la French Tech.
La baisse de plus de 30% de ces levées de fonds entre 2023 et 2024 s’explique par un contexte de baisse des levées de fonds en Europe tous secteurs confondus, et par un accroissement des capitaux mobilisés sur le secteur de l’IA au détriment du secteur industriel. En particulier, le nombre de levées de fonds supérieures à 100 M€ réalisées par des startups à vocation industrielles françaises est passé de 10 en 2023 à 5 en 2024.
Ces startups industrielles jouent un rôle essentiel dans l’activité économique des territoires. Parmi celles qui ont levé des fonds en 2023 et 2024 pour investir dans des moyens de production, 97% produisent en France.
La recherche et l’innovation jouent un rôle déterminant dans cette dynamique : sur les 212 startups ayant levé des fonds en 2024, 59% sont des Deeptech.
115 sites industriels inaugurés par des startups, PME et ETI innovantes en 2024
Les inaugurations d'usines sont un indicateur majeur de l'expansion du secteur industriel. En 2024, 115 nouveaux sites de startups, PME et ETI industrielles ont été inaugurés, relativement stable par rapport à 2023 avec 118 inaugurations et une fois et demi supérieur à 2022 avec 76 inaugurations.
Parmi ces inaugurations, 38 proviennent de startups industrielles (60 en 2023, -37% en un an) dont 20 nouvelles usines à l’échelle, 17 lignes pilotes/démonstrateurs et 1 extension. Ces startups industrielles françaises sont le moteur de la réindustrialisation verte. Plus des trois quarts des sites inaugurés sont greentech et un tiers sont dans le secteur de l’énergie.
Plusieurs sites ont été inaugurés avec pour objectif de proposer une gamme de composants électroniques « made in France ». Parmi eux, Dracula Technologies fabrique des cellules photovoltaïques organiques de quelques microns d'épaisseur, Iten développe des microbatteries lithium-ion en céramique, et EYCO industrialise des supports de puce ultrafins.
La concrétisation de projets dans le secteur de l'hydrogène a aussi été marquée par les inaugurations de l'usine de piles à combustible haute puissance de HDF Energy, de l'usine de production d'hydrogène de Haffner Energy, ainsi que de l'usine de composants essentiels pour piles à combustible d'Innoplate.
De nouvelles sites industriels de startups du secteur agroalimentaires voient le jour pour proposer des alternatives à la consommation de viande ainsi que de nouveaux aliments et autres substituts. Par exemple, SWAP propose des alternatives végétales à la viande, Innovafeed produit des ingrédients à base d'insectes, et Algama développe des ingrédients à base d'algues.
Le secteur de l'économie circulaire voit également l'émergence de nouveaux sites industriels axés sur le retour de la consigne. Parmi eux, on peut citer Uzaje, une usine de lavage de contenants alimentaires, Eco In Pack, une usine de lavage de bouteilles de vin, et BE WTR, une usine urbaine de bouteilles d'eau en verre consignées.
D’autre part, 77 inaugurations proviennent de PME ou ETI industrielles (58 en 2023, +33% en un an) dont 35 nouvelles usines à l’échelle et 14 déménagements.
Les usines inaugurées par ces PME et ETI se démarquent par le caractère innovant dans leur production, avec des lignes de production utilisant les dernières avancées technologiques. On observe alors de plus en plus la tendance à robotiser et digitaliser les usines, lors de leur construction mais aussi lors de l’amélioration des lignes de production existantes, pour gagner en compétitivité, améliorer le bien-être des salariés et optimiser les flux (énergies et ressources), à l’image de l’usine 4.0 de MGA Medtech pour accélérer le diagnostic in-vitro, les thérapies géniques et cellulaires. Aussi, les entreprises cherchent à se décarboner en investissant dans les énergies renouvelables et la gestion des déchets, à l’image de l’usine de Mytilimer qui réduit drastiquement ses consommations d’eau et d’énergies et valorise dorénavant ses moules hors calibre. De plus, ces acteurs n’hésitent pas à innover en lançant de nouvelles activités permettant de poursuivre leur développement en se diversifiant, préparant le futur et l’évolution des besoins industriels, à l’image de l’usine de Spurgin qui produit dorénavant des murs en béton de bois.