GEE, le système de radionavigation du Bomber Command de la RAF

La radionavigation a connu son essor lors de la Seconde Guerre mondiale. L’une de ses premières applications fut développée par le Bomber Command de la Royal Air Force : le Ground Equipment Electric (GEE). Ce système de navigation radio fut notamment opéré par le lieutenant Pierre Lafond (Li. 135) sur Halifax.
L’oscilloscope du GEE (Ground Equipment Electric, © NATIONAL AIR AND SPACE MUSEUM, SMITHSONIAN INSTITUTION).
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Par Christian Lapie (Ch. 164) et Jacques Paccard (Ch. 164)
Publié le 2025-01-21
Le temps est une donnée essentielle de la navigation. Historiquement, il était mesuré par les horloges marines dont la précision conditionnait celle du « point ». Aujourd’hui, les systèmes de géopositionnement (GPS), dont Galileo, s’appuient eux aussi sur des mesures de temps de propagation depuis des satellites. Ils permettent des positionnements très précis grâce à des horloges stables à quelques nanosecondes. Ils ont remplacé pratiquement tous les autres systèmes.
Le principe de radionavigation a été breveté en 1932 par Meint Harms, de l’université de Lübeck (Allemagne). Paradoxalement, c’est la Royal Air Force (RAF) qui en développa l’une des premières applications. Le Ground Equipment Electric (GEE) britannique fut breveté par R.J. Dippy en 1942.
On réalise une triangulation entre une station-maître (master), qui émet régulièrement un « top », et deux stations « esclaves » qui réémettent ce top avec un retard connu. Le récepteur à bord de l’avion reçoit ces trois signaux. En l’absence d’une horloge absolue, il s’agit de traiter les différences de temps entre les tops reçus, ce qui est faisable à bord.
Le lieu des différences de temps de propagation constants est un réseau d’hyperboles dont les foyers sont, d’un côté, le « master » et, de l’autre, les esclaves. Depuis l’avion, la mesure des deux différences de temps de propagation entre le signal du master et celui des esclaves est prise sur l’oscilloscope de bord et reportée sur les deux hyperboles correspondant aux retards respectifs. L’intersection de ces deux mesures définit la position de l’avion.
(© NATIONAL AIR AND SPACE MUSEUM, SMITHSONIAN INSTITUTION)
On conçoit que ces mesures et les tracés correspondants ne sont pas aisés en opération, mais ils permettent, dans les meilleurs cas, une précision de quelques centaines de mètres, suffisante pour le « carpet bombing » (bombardement de saturation). C’est ce que l’on appelle la « navigation hyperbolique de systèmes récents » comme le Loran ou, plus récemment, l’Omega dont la couverture est mondiale.