Ensam-IMT : l’union fait la force
Le comité stratégique de filière « Solutions industrie du futur » a salué la récente approbation du financement du projet « Réseau des campus labellisés “Solutions industrie du futur” » (Reclassif) dans le cadre de France 2030. Laurent Champaney, directeur général de l’École nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam), et Vincent Charvillat, directeur général adjoint de l’Institut Mines-Télécom, nous éclairent sur ce nouveau partenariat qui lie les deux établissements dans un projet ambitieux.
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Par Djamel Khames
Publié le 2024-11-28
Arts & Métiers Mag : Pouvez-vous nous rappeler l'objet du projet « Reclassif » ?
Laurent Champaney : Le projet Reclassif vise à créer un réseau de campus labellisés, bâti sur des équipes de recherche et de formation développant une activité intensive de recherche partenariale avec l’industrie, pour développer, intégrer et diffuser des solutions technologiques pour l'industrie du futur, avec un accent sur des transformations responsables et écologiques. Il s'agit d'accompagner les entreprises dans leur transition technologique tout en maximisant l'efficacité de leurs équipements existants, plutôt que de les rendre obsolètes.
AMMag : Quel intérêt l’Institut Mines-Télécom trouve-t-il à s'associer à l'Ensam ?
Vincent Charvillat : L'association entre l’Institut Mines-Télécom et l’Ensam, deux établissements de dimension nationale et dont les forces sont réparties sur le territoire, est naturelle. Elle est aussi bénéfique, car les deux établissements mènent des recherches partenariales intensives avec des compétences complémentaires sur l'industrie du futur. Les complémentarités se positionnent notamment sur le développement et l'industrialisation des procédés, sur le déploiement de plateformes industrielles à fort TRL(1) et sur la mise en place de jumeaux numériques complets. Les deux établissements mettent aussi en commun leurs forces d'accompagnement des entreprises, en cohérence avec leurs plans stratégiques tous les deux bâtis autour des grands défis sociétaux.
AMMag : Quelles ressources respectives Arts et Métiers et Mines-Télécom apportent-ils à ce programme ?
L.C. : Arts et Métiers et l'Institut Mines-Télécom apportent un ensemble de ressources conséquentes, comprenant 20 000 étudiants, 2 000 enseignants-chercheurs et plus de 70 plateformes technologiques. Ces établissements contribuent à la recherche partenariale et à l'innovation, en s'appuyant sur leurs instituts Carnot et sur leur expertise dans des domaines tels que la transformation numérique, la conception avancée et l'industrie verte. Près de 32 projets scientifiques sont déjà soutenus conjointement par des laboratoires d’Arts et Métiers et de l'IMT, renforçant ainsi la complémentarité de leurs expertises.
V.C. : Les deux établissements amènent leurs ressources humaines en termes de compétences sur l'industrie du futur réunies dans les quatre leviers suivants : l’Internet des objets et l’infrastructure numérique ; les technologies avancées pour la conception et la fabrication ; l’industrie verte et la métrologie des impacts, et, enfin, la transformation économique et sociétale. Ils apportent leur forte reconnaissance académique et industrielle au niveau régional, national et international. Les réseaux mutuels permettront aussi de mailler le territoire national avec l'offre de « Solutions pour l'industrie du futur » qui devrait permettre le montage de grands projets de développement industriel articulés à l’échelle régionale et nationale.
AMMag : Ce type de projet, financé par de l'argent public, sous-tend de la bureaucratie. Que ferez-vous pour que le temps bureaucrate n'empiète pas sur le temps utile des acteurs de « Reclassif » ?
V.C. : La répartition des missions dans le projet intègre un accompagnement (notamment administratif) des équipes situées dans les écoles et sur les campus. Cet accompagnement est dimensionné de manière équilibrée et validé par l'ANR [Agence nationale de la recherche] dans l'évaluation du projet. Une partie des travaux de pilotage doit aussi participer à l'animation scientifique entre les équipes des deux établissements. Des effets de levier apparaîtront dans ce contexte aux bénéfices des chercheurs, par exemple le cofinancement du ou des projets.
AMMag : Une fois le programme « Reclassif » arrivé à terme, envisagez-vous une suite ?
L.C. : Après la première phase de 36 mois, le projet prévoit une extension du réseau de campus, en intégrant de nouveaux campus d'excellence académique et de transfert technologique pour renforcer la co-innovation et assurer une couverture nationale plus étendue. Cette extension vise à pérenniser économiquement le réseau cinq ans après la fin du projet initial.
V.C. : Dans une première approche, la diffusion et la promotion de l'offre de solutions pour l’industrie du futur prévue dans « Reclassif » permettra la mise en place de grands projets communs entre l’Institut Mines-Télécom et l’Ensam. Sur un deuxième plan, l'intégration progressive d'un consortium de partenaires industriels devrait permettre une suite au projet « Reclassif » qui se positionnera à une échelle d'industrialisation plus élevée, en visant la création d'activités ou l’appui aux nouvelles filières industrielles.
Propos recueillis par Djamel Khamès
(1) De l’anglais technology readiness level, qui peut se traduire par « niveau de maturité technologique ».
Crédit photos : DR
Implantation des campus et instituts Ensam et IMT en France.
Brèves des campus
AMTalents enrichit ses formations
Au fil du temps, AMTalents enrichit son programme de nouvelles formations. Voici celles qui existent aujourd’hui. D’autres viendront certainement les compléter.
Arts et Métiers continue son développement avec le lancement de programmes par apprentissage et en formation continue, en lien avec AMTalents, dont :
• un programme d’ingénieur de spécialité (PIS) en mécanique et mécatronique, en partenariat avec l’Institut supérieur des techniques de la performance (ISTP) de Saint-Étienne. Pour cette deuxième saison, 50 étudiants ont pu faire leur rentrée ;
• un programme de formation diplômant en partenariat avec Data ScienceTech Institute (DSTI) sur l’industrie digitale et l’intelligence artificielle pour répondre aux enjeux de l’industrie d’aujourd’hui ;
• un partenariat avec l'Essca pour le lancement d'un MBA en ligne expérientiel, le MBA « Business & Technology », combinant des cours en ligne et des modules présentiels, comme l’immersion dans le laboratoire d’innovation des Arts et Métiers et dans un campus américain d’excellence technologique ;
• enfin, dès septembre 2026, le campus Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne accueillera l’École supérieure de fonderie et de forge (ESFF), concrétisant un véritable partenariat qui, en renforçant les liens, bénéficiera non seulement aux deux établissements, mais aussi au territoire châlonnais dans son ensemble.
Rappelons qu’AMTalents propose aussi une offre de Bachelor afin d’accompagner l’évolution des filières industrielles :
• un bachelor « Industrie du futur » s’ouvrant sur le continent africain ;
• un bachelor « Filière de l’industrie » en Nouvelle-Aquitaine (Dax, Niort, Bergerac) ;
• un bachelor « Sciences et technologies », spécialité conception de systèmes pour la transition environnementale (filière batteries de véhicules électriques) qui ouvrira à la rentrée prochaine à l’institut Arts et Métiers de Chambéry et qui se déploiera prochainement sur le campus de Lille.