Technologie / Interview
LA PLATEFORME CASSIOPEE

LA PLATEFORME CASSIOPEE
S'OUVRE AUX ENTREPRISES
 
Cassiopée est opérationnelle depuis 2020. Développée sur le campus de Metz, au sein du laboratoire LEM3, la plateforme de calcul haute performance (HPC) des Arts et Métiers représente un investissement total de 1 million d’euros. Elle met à la disposition des 15 laboratoires Arts et Métiers et des 23 laboratoires Carnot ARTS non seulement des moyens inédits de calcul intensif, mais également les compétences d’une équipe de quatre experts en calcul scientifique. Cet outil qui a fait ses preuves dans le cadre des nombreux travaux conduits par les chercheurs et les étudiants s’ouvre désormais aux entreprises. Rencontre avec Boris Piotrowski, responsable du projet, Théophile Gross, ingénieur AMValor et administrateur informatique de la plateforme, et Thierry Sidot, délégué régional AMValor.
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Par La rédaction
Publié le 2024-06-27
Thierry Sidot, délégué régional AMValor : « Il s’agit véritablement d’un nouveau service original que nous pouvons proposer aux PME. Pour un coût modique, elles ont accès à une solution technologique hyperperformante. »
Pour accéder à la plateforme Cassiopée, il suffit d’adresser votre demande à metz@amvalor.eu
 
AMMag : Pourquoi les PME sont-elles particulièrement ciblées par ce service ?
Boris Piotrowski : Le traitement de données est désormais un enjeu majeur pour toutes les entreprises. Les besoins de calculs sont de plus en plus forts partout, mais le ticket d’entrée pour le calcul intensif est très élevé et donc difficilement accessible pour les PME.
Thierry Sidot : Il s’agit véritablement d’un nouveau service original que nous pouvons proposer aux PME. Pour un coût modique, elles ont accès à une solution technologique hyperperformante, calibrée pour la recherche de haut niveau, et elles sont accompagnées par nos experts. Une petite entreprise n’a pas forcément toutes les compétences en interne pour interagir directement avec ce type d’outil.  
 
AMMag : Vos utilisateurs pointent unanimement l’accompagnement comme le point fort de votre solution. Pourquoi ?
Théophile Gross : Il est clair que c’est ce qui nous différencie. Dans la plupart des pôles universitaires, on considère que les utilisateurs sont parfaitement autonomes avec ce type d’outil. Ce n’est pas notre conception des choses. Nous organisons un vrai module de formation, car les interfaces n’ont rien d’intuitif. Nous sommes là pour faciliter l’interaction entre l’utilisateur et le système. De même, nous avons le savoir-faire pour personnaliser la prestation. Nous savons reproduire des environnements informatiques complexes. C’est nécessaire quand le calcul doit faire appel à un code « maison » ayant besoin de libraires et de bibliothèques spécifiques.
Boris Piotrowski : Nous avons la chance d’appartenir à tout un écosystème de laboratoires et de chercheurs aux expertises pluridisciplinaires : c’est un vrai plus pour nos partenaires. Dernièrement, nous avons travaillé avec un bureau d’études qui devait réaliser une prestation dans le domaine de la mécanique des fluides. Non seulement il se trouve que c’est la spécialité d’un des membres de notre équipe, mais nous avons également pu mettre le partenaire en contact avec les experts des laboratoires LIFSE de Paris et LMFL de Lille.
 
AMMag : Quelles sont les garanties en matière de sécurité ?
Théophile Gross : La sécurité est une priorité. Nous l’assurons sur trois niveaux : la sécurisation physique des locaux, le suivi attentif de l’état de l’art par nos chercheurs et ingénieurs, car il faut toujours être à la pointe pour se protéger des nouvelles menaces, et, enfin, la détection, encore appelée « sécurité réponse ». Pour assumer ces missions, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur la vigilance et les compétences de l’ensemble de la DSI [Direction des systèmes d’information] du groupe Arts et Métiers.
 
AMMag : Quels sont les projets ?
Théophile Gross : D’un point de vue technique, nous avons deux axes principaux. Le premier est orienté « utilisateurs » pour rendre l’utilisation moins complexe. Pour atteindre cet objectif, nous aurons recours à l’hybridation, c’est-à-dire qu’une partie de la production va se décliner en mode cloud. On pourra se connecter depuis son navigateur web pour aller chercher les applications en ligne. Bien entendu, cela implique d’augmenter le niveau de sécurité défense de la machine, ce qui constitue notre deuxième axe.
Thierry Sidot : C’est une offre que nous mettons en avant dans le cadre de l’EDIH Grand Est [voir notre encadré]. Grâce au levier financier du dispositif, cela peut vraiment mettre ce service à la portée de toutes les TPE et PME de notre région. Ce sera pour elles une vraie opportunité.

Visite des partenaires de l’EDIH Grand Est.

Propos recueillis par la rédaction

 
crédit photos : © AMVALOR
 
 
Accélérer la digitalisation des PME régionales : Arts et Métiers partenaire de l’EDIH Grand Est
 
Les EDIH, pour European Digital Innovation Hubs (pôles européens d’innovation numérique), sont des dispositifs régionaux cofinancés par l’Union européenne afin de favoriser la montée en compétences digitales des PME industrielles implantées dans les territoires. Trois secteurs clés pour l’avenir sont priorisés : IA, cybersécurité et calcul haute performance (HPC).
L’EDIH Grand Est réunit 11 partenaires experts, au service des entreprises de la région. Grâce à leur forte implantation locale, les Arts et Métiers y jouent un rôle majeur, aux côtés des grands pôles universitaires de Lorraine, de Strasbourg, de Haute-Alsace, de Reims ou de Troyes.
Pour les entreprises bénéficiaires, l’avantage financier sera considérable, puisque 50 % minimum des coûts seront pris en charge. Les prestations d’accompagnement concernées ne s’arrêtent pas à l’exploration technologique de nouvelles solutions mais peuvent aller jusqu’à la preuve de concept et au transfert à l’échelle industrielle.
 
OBJECTIF : 300 PME BÉNÉFICIAIRES
Cette opportunité unique d’accélérer la performance industrielle du tissu local est prise très au sérieux dans le Grand Est. Les partenaires se sont fixé des objectifs ambitieux. À l’horizon 2026, 300 entreprises auront pu bénéficier d’un diagnostic de maturité technologique, et 170 d’entre elles seront accompagnées pour leur permettre d’implanter de nouvelles solutions digitales.
 
POUR QUI ?
- Les PME du Grand Est de moins de 250 personnes, avec un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros (M€) ou un bilan inférieur à 43 M€.
- Les entreprises industrielles souhaitant intégrer des solutions IA, cyber ou HPC.