Industrie / Portrait
Christian Picollet (Cl. 179)

Christian Picollet (Cl. 179)
Un parcours exemplaire au service de la technologie
Christian Picollet est fait de ces bois qui deviennent rarissimes de nos jours. De ceux à partir desquels se bâtit l’intégralité d’une carrière au sein d’un même groupe et au service d’une seule passion : la technologie. Pour autant, son itinéraire, aussi méritant que prestigieux, est loin de constituer un long fleuve tranquille tant il marque par sa diversité.
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Par Christophe Duprez
Publié le 2024-05-31
Son cursus clunisois achevé, le Gadzarts Christian Picollet intègre CentraleSupélec, se retrouvant ainsi, en 1984, avec un double diplôme d’ingénieur… et un emploi en poche. Dès sa sortie des Arts, il avait en effet été détecté par l’un des plus prestigieux groupes industriels français de l’époque : Sagem. Lequel fusionnera en 2005 avec Snecma pour donner naissance à Safran.
Christian Picollet y entre officiellement le 2 juillet 1985 et démarre sa carrière dans la défense navale en tant que chef de projet sur les périscopes pour sous-marins nucléaires lanceurs d’engins avec la classe Le Triomphant. Il travaille à cette occasion sur un périscope à recalage astral permettant à l’appareil de se situer rapidement lorsqu’il émerge de l’eau. En 1991, il s’oriente vers les systèmes optroniques de surface puis vers la navigation inertielle des missiles. En 1997, il prend la direction de l’unité de R&D navigation avant d’amorcer un nouveau tournant en 1999 lorsque Sagem rachète SFIM Industries, spécialisée dans la fabrication de matériels optiques et optroniques de haute précision pour l’aéronautique civile. Il fait alors partie de l’équipe chargée de son intégration dans le groupe.
Fort de ce succès, Christian Picollet se voit alors nommé, en 2001, directeur du centre de R&D d’Éragny (Val-d’Oise), dont le périmètre, particulièrement vaste, coiffe à la fois la navigation inertielle, la préparation des missions des avions d’armes, le tout nouveau programme d’armement air-sol modulaire, les drones ou encore la sécurité morphologique à travers, notamment, les empreintes digitales. Il se retrouve à la tête de quelque 1 500 collaborateurs.
En 2005, à la création du groupe Safran, le Gadzarts se voit confier le poste de directeur des opérations et des programmes de la division « Navigation et Défense », où il s’occupe également, en dehors de ces deux secteurs, de tout ce qui touche à l’aéronautique. Il sera ensuite successivement directeur des programmes, directeur industriel et directeur technique de Safran Electronics & Defense, assumant ce dernier poste jusqu’en 2011 avant de se lancer un nouveau défi : la création du centre de recherche du groupe à Paris-Saclay. C’est donc en toute logique qu’en 2015 il devient le tout nouveau directeur des programmes et de la stratégie R&T (recherche et technologie) de Safran. Un travail fondé, comme il nous l’explique, « sur trois piliers : la définition de la stratégie technologique du groupe, les relations institutionnelles inhérentes ainsi que la structuration et la coordination des programmes de recherche de toutes ses sociétés ».
L’homme est aussi passionné qu’infatigable. En plus de ses fonctions actuelles, il occupe ainsi le poste de co-chairman du comité technique du programme européen Clean Aviation. Fort de ses subventions s’élevant à 1,7 milliard d’euros, ce programme est chargé d’imaginer l’aéronautique de demain.
Christian Picollet est également membre du conseil scientifique de Mines Paris et président de l’IRT Saint-Exupéry de Toulouse.
Plus de quatre décennies après sa sortie de l’école, il n’en demeure pas moins profondément attaché aux Arts, au point d’avoir été vice-président formation industrie de l’établissement dans les années 1990. Il avoue ainsi volontiers que sa formation fondée sur la technique qui le passionne tant, couplée à celle qu’il a reçue à CentraleSupélec, plus centrée sur l’automatique et l’électronique, a constitué un socle idéal pour asseoir sa carrière dans des secteurs aussi hautement technologiques que l’aéronautique et la défense. « Mon parcours actuel se situe plus au niveau de la recherche et de la technologie qu’à celui des programmes, explique-t-il. J’ai pris l’option d’une vision à plus long terme en m’intéressant à des produits et à des technologies qui n’émergeront qu’à partir de 2035 et toucheront tous les domaines centraux, notamment pour relever le grand défi actuel que constitue la décarbonation : électronique, énergie, matériaux... Autant de sujets, modèles, outils et méthodes purement techniques qui s’apprennent aux Arts, dont la formation se double d’une approche très pragmatique qui m’a été des plus utile. » L’occasion pour lui de constater et de déplorer au passage « le dilemme auquel se heurtent nombre d’écoles d’ingénieur qui veulent de plus en plus former des managers au détriment de la technique, travers auquel échappent, à mon sens, les Arts et Métiers ».
Au milieu de son emploi du temps particulièrement rempli, cet amateur de sport, fervent adepte de course à pied et de ski – un incontournable pour le Savoyard qu’il est ! –, trouve le moyen de s’adonner à sa passion pour la lecture, notamment l’œuvre de Milan Kundera. Ce fidèle parmi les fidèles à son école et à son groupe prouve ainsi, par la même occasion, qu’il est parfois bon d’échapper à l’amusante densité de la technologie pour L’Insoutenable Légèreté de l’être…
 
Christophe Duprez
 
Christian Picollet (Cl. 179)
1985
Chef de projet périscopes pour sous-marins nucléaires chez Sagem
1991
Chef de projet systèmes optroniques de surface
1997
Directeur de l’unité de R&D navigation
2001
Directeur du centre de R&D d’Éragny (Oise)
2005
Directeur des opérations et des programmes de la division « Navigation et Défense » de Safran
2012
Crée le centre de recherche du groupe
2016
Senior Vice-President R&T – Programs & Strategy