La grande discrétion de l’action des personnes honorées du titre de « Juste parmi les nations » (JPLN) a eu pour conséquence que la plupart d’entre elles ont reçu cette distinction à titre posthume. Dans l’article sur notre « Grande figure » Henri Bastian (Ai. 106)(1), j’avais avancé qu’à ma connaissance il était le seul de nos camarades à être ainsi honoré. À ce titre, il est le seul JPLN à figurer dans les kakémonos réalisés en 2022 pour la Journée nationale de la Résistance, lesquels tournent depuis sur les campus de l’Ensam.

Un lecteur, Olivier Herz (X 79), m’en a obligeamment signalé un second : Pierre Ferrand (Cl. 121)(2). Dans les échanges qui ont suivi, il m’a exposé que, pour déterminer les X JPLN, il avait « réemployé une méthode de recensement élaborée pour la liste des X médaillés de la Résistance ».

Cette méthode comporte les étapes suivantes :

- récupérer un fichier Excel des promotions potentiellement concernées (de 1870 à 1945) ;

- se procurer la liste des 2 545 Justes de France(3) et la transformer en fichier Excel ;

- fusionner les deux fichiers et classer par ordre alphabétique (attention aux noms à particule) ;

- repérer les doublons de noms et prénoms ;

- pour écarter les faux négatifs (passés entre les mailles), repérer en même temps les doublons de noms et un des prénoms ;

- vérifier par des recherches sur Internet que les résultats ne sont pas des faux positifs (homonymes).

Une chaîne de solidarité efficace s’est alors organisée en janvier 2023 parmi les Gadzhistoriens. Celle-ci a abouti, en tandem avec Philippe Bréchon-Cornéry, tête dans le guidon, à une campagne éclair de dix jours de dépouillement des 173 noms communs aux deux listes, desquelles sont ressortis deux autres Gadzarts « Justes parmi les nations ».

Paul Chartron (Cl. 1910), industriel, fonderie Chartron et Poulin à Marseille, membre de la chambre de commerce de Marseille (1944-1949) et conseiller municipal de la cité phocéenne (1947-1953).

Dossier Yad Vashem 4881 (avec Marie-Gabrielle son épouse)

Leurs noms figurent dans l’allée des Justes, parc du 26e Centenaire, à Marseille. 

 

Émile-Jean Lafon (Ai. 1901), chevalier de la Légion d’honneur avec Lilly Louise, son épouse (dossier Yad Vashem 6398).

Leurs noms figurent sur le Mur des Justes de Paris, situé allée des Justes (4e arr.).

Seul Henri Bastian a également été honoré par un odonyme (nom de rue), à Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, tout comme un autre Caladois, Charles Sève, l’un des sept polytechniciens repérés au terme de l’enquête d’Olivier Herz (La Jaune et la Rouge, février 2023).

(1) AMMag no 440, daté de novembre 2022.

(2) AMMag no 447, daté de novembre-décembre 2023.

(3) www.yadvashem.org/yv/pdf-drupal/france.pdf