Métiers / Campus
Quand l’Ensam se met à la formation continue

Quand l’Ensam se met à la formation continue
Une école multisite comme l’Ensam, de surcroît multiséculaire, a besoin d’être largement financée pour continuer à jouer dans la cour des grands. D’où l’opération de communication du 30 novembre dernier consistant à présenter ses différentes offres de formation. L’enjeu est d’autant plus important que la réindustrialisation nécessite un plus grand nombre de salariés formés aux métiers de l’industrie.
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Par Djamel Khames
Publié le 2024-02-20
De gauche à droite : Philippe Rouch, professeur des universités à l’institut de biomécanique humaine Georges-Charpak et directeur des relations entreprises de l’Ensam ; Stéphane Desmaison, directeur d’AMValor ; Xavier Chateau, directeur général adjoint de l’Ensam ; Coline Moal Vignon, directrice d’AMTalents ; Laurent Champaney, directeur général de l’Ensam.
Posséder 14 sites de formation est à la fois un inconvénient et une chance. En effet, les coûts de fonctionnement (personnel) et d’investissement (locaux, machines…) sont plus élevés que ceux d’une école monosite. En revanche, les différents établissements – campus, instituts et tiers lieux – séduisent des partenaires aussi bien nationaux, par leur spécialité (fonderie, usinage, réalité virtuelle…), que locaux, par leur proximité. Certaines PME ou ETI n’auraient en effet jamais entrepris de recherche partenariale hors de leur écosystème géographique. « Une faiblesse a priori peut se révéler une force a posteriori », a pensé très fort Laurent Champaney, directeur général de l’Ensam, quand fut présentée l’offre de formation de l’École, le 30 novembre 2023.
Cette offre se déploie aujourd’hui sur plusieurs fronts : formation initiale (école d’ingénieur historique, mastères spécialisés, doctorats) et formation continue diplômante (par alternance, sur mesure ou sur catalogue ; en présentiel ou en distanciel). Ces formations sont autant de points de contact avec les entreprises, que favorisent déjà les activités de la recherche partenariale (AMValor), et, accessoirement, des incubateurs et des junior-entreprises des différents campus.
 
AMTALENTS RACCROCHE LES ARTS ET MÉTIERS À SON ESSENCE
Les programmes « grande école », la voie royale des étudiants, et la recherche partenariale sont bien connus aujourd’hui. En revanche, ce n’est pas le cas de la formation continue, car nouvelle et peu médiatisée.
Au regard du besoin des entrepriss industrielles en matière d’emplois et de l’abaissement généralisé du niveau de connaissances des jeunes générations (cf. dernier classement Pisa), l’École a créé en 2021 « AMTalents », la filiale chargée de la formation continue. C’est aujourd’hui un moyen efficace de recrutement des apprenants. L’objectif est de les amener le plus loin possible. En effet, ils démarrent souvent, mais pas que, par un BTS. Parmi ceux qui poursuivent leurs études en bachelor, certains continueront un parcours en master, l’équivalent du diplôme d’ingénieur. Le chemin qui suit, bien que moins emprunté, ne leur est pas interdit : mastère spécialisé et doctorat.
Coline Moal Vignon, directrice d’AMTalents, précise que « la formation continue possède une offre intra- et interentreprises. Le recrutement des élèves se développe par l’organisation de “jobs dating”, de bourses de l’emploi, de visites des campus, etc. ». La progression du chiffre d’affaires de cette filiale – 612 000 € en 2021 et 4,8 millions d’euros en 2023 – exprime sa vitalité. Elle dit aussi : « Je réponds à un besoin. » D’une certaine manière, grâce à AMTalents, les Arts et Métiers renouent avec leurs racines en participant à élever le niveau de connaissance et de compétence des plus humbles… que l’on croise malheureusement de moins en moins dans les programmes « grande école ».

Djamel Khamès