A la une / Evènement
Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie :

Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie :
« Réconcilier écologie et économie »
Catherine MacGregor, l’une des rares femmes à la tête d’un groupe du CAC 40, a tenu une conférence à l’hôtel d’Iéna, à Paris, en décembre dernier. Le thème, « Pour une transition abordable et désirable par tous », a résonné à l’heure d’une COP28 décevante. Le discours positif de la directrice générale d’Engie a certainement séduit les conscrits nombreux dans la salle.
____________________
Par Djamel Khamès
Publié le 2024-01-22

Femme et ingénieure. Voilà deux particularités rares à la direction d’un grand nombre d’entreprises, quasi exclusivement conduites par des hommes non-ingénieurs. Ne dirige-t-on pas mieux un groupe industriel quand on en comprend bien les enjeux techniques ? Les objectifs de la successeure d’Isabelle Kocher à la tête d’Engie étaient connus avant sa conférence : 45 millions de tonnes de CO2 évitées par an d’ici à 2030 et neutralité carbone en 2045 ; mise en œuvre de +4 GW/an d’énergie renouvelable jusqu’en 2025 et +6 GW/an de capacités de 2025 à 2030 ; enfin, investissement de 22 milliards d’euros à répartir au cours des prochaines années. Le 11 décembre, dans la salle Liancourt, où quelque 250 personnes sont venues l’écouter, Catherine MacGregor a démarré son discours par une réflexion sur le métier d’ingénieur : il convient d’accorder autant d’importance à la technique qu’aux gens qui la côtoieront, la vivront ou l’utiliseront. Pour sa démonstration, elle a cité l’exemple des éoliennes. Puis elle a présenté son groupe, « le premier producteur d’énergie renouvelable en France ». Mais comme le vent ne souffle pas en permanence ou qu’il ne fait pas toujours soleil, il convient (en attendant que des solutions de stockage massif d’énergie se démocratisent, que l’hydrogène vert soit déployé, ou le CO2 enfoui) de s’appuyer en complément sur des énergies pilotables, dont le gaz naturellement. Ainsi s’exprime l’alliance des molécules et des électrons (issus des énergies renouvelables évidemment). La dirigeante a également signalé l’engagement d’Engie dans le biométhane et sa sortie future du nucléaire (en Belgique). Elle a souligné, de façon contre-intuitive pour un producteur d’énergie, que la décarbonation passe aussi par les économies d’énergie. Les Français n’ont-ils pas abaissé leur consommation de manière significative de peur d’une potentielle pénurie de gaz due à la guerre en Ukraine ? L’augmentation des prix a certainement joué aussi dans cet élan collectif.

UN MESSAGE

« Bonne nouvelle : tous les leviers de la transition énergétique sont connus et prouvés, même si certains doivent être mis à l’échelle », a-t-elle lancé. Et de reconnaître que, si 40 % des solutions disponibles ont un coût compétitif, l’autre partie reste encore chère… Elle a souligné aussitôt après, optimiste, que si l’on continue à passer à l’échelle les technologies moins matures, leur coût baissera sensiblement, à l’image du solaire dont les prix ont été divisés par 11 en douze ans, ceux des batteries par 8, et ceux des éoliennes par 3. « Le coût de l’inaction sera beaucoup plus sévère si on ne fait rien, avec des pertes économiques considérables et une explosion des inégalités sociales, a-t-elle ajouté. L’équation est compliquée, mais on peut y arriver. Les entreprises sont évidemment incluses dans cette équation, car elles ont un rôle important à jouer. Sans parler de l’impact des énergies renouvelables : plus grande souveraineté, nombre d’emplois accru et réconciliation entre économie et écologie ».

Au terme de son exposé, Catherine MacGregor s’est prêtée au jeu des questions-réponses. Le maître de cérémonie, Joseph Sola (Cl. 183), président du groupe professionnel Énergie, l’organisateur de cet événement, a privilégié, avec raison, les questions des futurs ou jeunes ingénieurs… plutôt séduits par la prestation de la patronne d’Engie.