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Batteries : la naissance d’une école

Batteries : la naissance d’une école
Quatre méga-usines de fabrication de batteries pour véhicules électriques s’installent dans les Hauts-de-France. À leurs défis technologiques et organisationnels s’ajoute celui de l’accès à une main-d’œuvre qualifiée. L’Ensam accompagne ce mouvement en participant à la création de l’École de la batterie. L'Europe, selon les dernières estimations, aura besoin de 800 000 personnes, dont 150 000 en France.
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Par Djamel Khamès
Publié le 2023-11-16
La Commission européenne estime que, d’ici à quatre ans, l’industrie de la batterie en Europe aura besoin de 800 000 personnes, dont 150 000 en France. La start-up Verkor, qui va construire une « gigafactory » à Dunkerque, a pris les devants en lançant la première « École de la batterie » en France.
La jeune pousse a pris soin de s’entourer de partenaires(1) issus de l’industrie et de la formation, dont l’École nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam) à travers Hesam Université, avant de remporter l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » centré sur la batterie, dans le cadre du programme de réindustrialisation « France 2030 ». Sur les 20 millions d’euros (M€) budgétés, 13 M€ vont être apportés par l’État. « Cette école a été pensée en réseau », souligne Émilie Rondet, salariée de Verkor et coordinatrice du projet « École de la batterie ». Sont donc prévus plusieurs cursus de formations, initiales et continues, du CAP au doctorat. Si tout se déroule comme envisagé, 1 600 personnes seront formées chaque année, à partir de 2025, dans la seule région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le rôle de l’Ensam
Plusieurs personnes s’activent aujourd’hui dans les campus Arts et Métiers de Paris et de Lille, et à l’institut Arts et Métiers de Chambéry pour faire éclore une formation continue de technicien d’un niveau bac+3, autrement dit un bachelor. Nadège Troussier, directrice générale adjointe chargée des formations de l’Ensam, rappelle que le processus de création du bachelor est encore en gestation : « Je dois m’assurer que la nouvelle formation remplit tous les critères qui permettent sa validation auprès des autorités compétentes. » Le projet ne passera en phase opérationnelle qu’au terme de différentes étapes. Nadège Troussier espère un démarrage effectif en 2024, sous la forme d’un diplôme d’école, sans accréditation ministérielle pour le moment.
De leur côté, les équipes de Philippe Degobert et d’Alain Cornier, les directeurs respectifs du campus de Lille et de l’institut de Chambéry, planchent sur le contenu pédagogique, en s’appuyant sur les recrutements d’enseignants et d’ingénieurs pédagogiques grâce au financement du projet. Selon Alain Cornier, « l’institut de Chambéry va focaliser l’enseignement sur la dimension environnementale – types de matériaux, recyclabilité, cycle de vie… –, tandis que Lille se polarisera sur la performance énergétique à travers le génie électrique ou la chimie ».
Les lieux de la formation seront fortement connectés, et il est probable qu’ils alterneront des phases en présentiel et d’autres en distanciel, en partenariat avec les entreprises (apprentissage ou contrat de professionnalisation, par exemple). Les élèves n’auront pas besoin de voyager, ou si peu.
Coline Moal Vignon, directrice d’AMTalents, la filiale des Arts et Métiers chargée de la formation continue et des cursus en alternance, aura quant à elle une double tâche après avoir assuré la promotion de ce programme : sourcer les entreprises partenaires et accompagner les futurs étudiants, depuis leur demande d’inscription jusqu’à l’obtention d’un contrat de professionnalisation (période d’immersion en entreprise), qui conditionne leur engagement dans cette formation.
Au terme des multiples démarches – pédagogiques, administratives et économiques –, le bachelor dispensé par les Arts et Métiers viendra alors enrichir les formations délivrées par l’École de la batterie. L’objectif est de soutenir la croissance de la filière française des batteries en formant une main-d’œuvre qualifiée et compétente.
(1) Le consortium qui porte l’École de la batterie compte une douzaine d’acteurs, dont la start-up Verkor, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) (via l’Institut national des sciences et techniques nucléaires [INSTN]), l’INP-UGA de Grenoble, l’Ensam (via Hesam Université), l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), le campus des métiers et des qualifications d’excellence Smart Energy Systems, l’Institut Mines-Télécom de Grenoble, l’université Claude-Bernard Lyon 1, le Pôle formation Isère…