Industrie / Politique industrielle
Le budget de l’armée augmente, les commandes baissent

Le budget de l’armée augmente, les commandes baissent
Les dernières annonces gouvernementales laissent espérer une nette amélioration du niveau des commandes de matériels… Doit-on y croire ?
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Par Djamel Khamès
Publié le 2023-10-02
Moins de quatre mois après l’invasion russe, les stocks d’armement et de munitions des armées européennes se sont révélés largement insuffisants pour soutenir l’Ukraine dans cette guerre « de haute intensité » (emploi intense et continu de munitions). C’est dans ce contexte que le président de la République Emmanuel Macron déclarait le 13 juin 2022, lors d’une visite sur le salon de l’armement terrestre et aéroterrestre Eurosatory, qu’il fallait entrer dans « une économie de guerre ». Un an plus tard, à la veille du 14 juillet 2023, les parlementaires français ont adopté une loi de programmation militaire (LPM) dotée d’un budget de 413,3 milliards d’euros pour la période 2024-2030, soit une augmentation de 40 % par rapport à la LPM précédente (2019-2025). La progression de ce budget s’accompagne, bizarrement, de reports de livraison de matériels pour les années qui viennent. Par exemple, les commandes des blindés du programme « Scorpion » ont été étalées par la nouvelle LPM. Son impact ? Une baisse des volumes de 20 à 25 % sur l’année. Nous savons depuis longtemps que la vie du budget dédié à l’industrie de l’armement est complètement décorrélée de celle des usines. En effet, la Direction générale de l’armement (DGA) a coutume de s’engager sur des volumes globaux, qu’elle saucissonne sans offrir aux sous-traitants un agenda qui permette d’optimiser la logistique et la production. L’administration militaire, la DGA au premier chef, ne devrait-elle pas plutôt aider les industriels de l’armement à maximiser leur performance et à diminuer leurs coûts pour produire « plus, plus vite et moins cher » ? Et si la DGA pariait sur le dialogue et la simplification globale des attentes ?