Ress. humaines / Conseils
Chercher un emploi sans stresser

Chercher un emploi sans stresser
La recherche d’emploi pour les cadres et ingénieurs ne devrait pas être source de pression ou de craintes. Chiffres à l’appui, la situation actuelle montre que tous les voyants sont au vert pour trouver un environnement qui corresponde pleinement à ses compétences et aptitudes. Analyse et conseils.
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Par Grégoire Buffet (Bo. 191), dirigeant associé du cabinet de recrutement Indside, Jean-Yves Colombel (An. 174) et Frédéric Beck, du pôle carrière de la Société des ingénieurs Arts et Métiers
Publié le 2023-08-31
En 2022, le marché de l’emploi des cadres a été particulièrement dynamique en France. La situation actuelle est totalement inédite et ouvre sans cesse de nouvelles opportunités, notamment pour les ingénieurs. Connaissant une pénurie de personnel à de nombreux postes, les entreprises n’hésitent pas à jouer des coudes pour se rendre toujours plus désirables auprès des cadres. Ces derniers sont donc nombreux à avoir démissionné en 2022 pour rejoindre une nouvelle société. Ce phénomène, qui a d’abord inquiété par le nombre de départs et ses similitudes avec la « grande démission » vécue aux États-Unis, est finalement de plus en plus qualifié aujourd’hui de « grande rotation ».
C’est le moment de changer de poste !
Dans ce contexte favorable, la pression et les peurs de certains candidats en recherche d’emploi doivent être levées. Les statistiques le montrent : le taux de chômage des cadres est historiquement bas, probablement très proche du plein-emploi (3,2 % des ingénieurs et même 2,2 % hors jeunes diplômés). La recherche d’un nouveau job est donc une opportunité et non un danger réel. Selon l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), l’année 2022 pourrait même devenir une année record pour l’emploi cadre, dépassant le niveau d’avant-crise. Ainsi, 62 % des grandes structures ont cherché à recruter au moins un cadre au cours du dernier trimestre 2022 d’après le même organisme. Riches de compétences recherchées et d’une capacité à s’adapter reconnue, les ingénieurs peuvent être confiants, voire se doivent d’être confiants. Les rares ingénieurs qui tardent à retrouver un emploi rencontrent le plus souvent un accident de vie ou sont victimes d’un entourage toxique. Ceux-là méritent toute notre solidarité et, parmi eux, les Gadzarts peuvent bénéficier d’un accompagnement professionnel et personnel auprès de la Soce, notamment.
Sans tomber dans la confiance aveugle du « bisounours », il convient d’aborder la recherche d’emploi comme un projet professionnel parmi d’autres. Il est courant de voir d’excellents professionnels se présenter comme de bien piètres candidats (et inversement, certainement aussi parfois). Être candidat, que l’on soit en poste ou non, est une mission et non une maladie. Il est opportun de dédier son énergie à ce projet plutôt que de la gâcher à se faire peur ou à écouter les oiseaux de mauvais augure qui projettent sur les candidats leurs propres peurs.
S’appuyer sur ses points forts ou compenser ses faiblesses ?
Bien se connaître, et bien comprendre le marché dans lequel on évolue, est le plus important ! Le recruteur est attentif aux candidats qui ont une bonne connaissance de leurs compétences, aptitudes et motivations. Pour se donner la chance de trouver le job et l’entreprise qui nous correspondent, il est essentiel de pouvoir tomber le masque, d’être soi-même. Et pour y parvenir, il faut être éclairé et en confiance. Qui se lancerait dans le Tour du Mont-Blanc sans une carte, de bonnes chaussures et des étapes planifiées ? Pour la recherche d’emploi, c’est pareil ! On a peur de ce que l’on ne connaît pas. Un ingénieur est rarement un professionnel du recrutement, mais il peut s’informer suffisamment sur l’état du marché, s’éclairer sur lui-même et apprendre à utiliser ses compétences réelles pour aborder ce projet en confiance.
La culture anglo-saxonne appuie aisément sur les points forts, alors que les Français sont malheureusement plus tentés de chercher à compenser leurs points faibles. En termes d’aptitudes, de « soft skills », chacun a ses propres limites et ses zones de confort, lesquelles évoluent au cours de la carrière. En posture de candidat, il n’est pas plus utile de masquer ses limites et accidents de parcours, ou d’afficher un excès de confiance, que de se focaliser sur ces points faibles.
Concernant les motivations, trop de candidats présentent un projet professionnel qui cadre bizarrement avec le poste à pourvoir… À l’inverse, le fameux « je suis ouvert aux opportunités » est à bannir absolument. Exprimer son propre projet, ce n’est pas s’enfermer. Une solution simple consiste à présenter son projet idéal afin d’exprimer toute sa motivation et son autonomie dans la définition de ses aspirations, tout en restant ouvert aux opportunités qui ne s’en éloignent pas trop. Pour définir ce projet et/ou remonter un niveau d’énergie qui fait parfois défaut, les coachs peuvent vous accompagner dans un bilan de carrière qui est à même, finalement, de se transformer en un moment de plaisir.
Être candidat est un job en soi !
Du jeune diplômé à la dirigeante, de l’acheteuse au directeur d’usine, la posture de candidat peut être la même. Comme dans le management, l’assertivité est souvent la clé : être confiant, sûr de ses compétences et qualités réelles, et fort de ces points d’appui, tout en étant ouvert aux autres et aux changements. Il n’est pas rare de rencontrer d’excellents professionnels qui, n’ayant jamais été en posture de candidat au cours d’une carrière de plus de vingt ans, se retrouvent comme des débutants dans ce nouveau job. Un doute, souvent instillé par le regard de son propre entourage, sans objet réel, ou une anxiété est souvent le principal piège entre le candidat et son prochain emploi. La question n’est pas de savoir si l’on va retrouver un poste, mais quel poste et quand ?