Ress. humaines / Entreprise
«Pour bien diriger, il faut savoir s’entourer»

«Pour bien diriger, il faut savoir s’entourer»
Patrice Haettel (Cl. 193) a gravi rapidement les échelons grâce à d’indéniables talents de manageur. Il est passé de simple chef de la maintenance d’une unité de production pétrochimique à la double fonction de directeur industriel de la marque Renault et directeur de la stratégie et de l’ingénierie industrielles de Renault Group. Petit retour sur un parcours singulier. 
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Par Djamel Khamès
Publié le 2023-08-31
En vingt-six ans de carrière, Patrice Haettel (Cl. 193), directeur industriel de la marque Renault et directeur stratégie et ingénierie industrielles de Renault Group, n’a véritablement connu que deux entreprises, même si la première a changé plusieurs fois de nom, d’Elf Atochem à Total Petrochemicals, et de périmètre.
Embauché en 1997 à la maintenance sur le site de Carling-Saint-Avold, dans la Moselle, Patrice Haettel est en poste quand survient un grave accident industriel. L’explosion d’un réacteur chimique sur l’une des trois lignes de polyéthylène met à l’arrêt une partie de la plus grande usine pétrochimique de France. La direction, confiante dans les qualités d’organisation du Gadzarts, lui donne alors carte blanche pour remettre en état l’unité détruite et faire redémarrer la production… en trois mois seulement.
Ce défi, a priori intenable, est mené à bien par le jeune ingénieur. «Je suis brutalement passé de la gestion d’opérations de maintenance à la gestion d’un projet hors norme. L’équipe que je dirigeais a gonflé également, passant de quelques spécialistes à plus de 120 personnes aux compétences plurielles», se souvient Patrice Haettel. Ce chantier accroît son intérêt pour le management, goût déjà perceptible quand il était officier instructeur pendant son service militaire.
Une ascension continue

Las des changements à répétition de son employeur, Patrice Haettel quitte l’industrie des procédés pour l’industrie manufacturière. Il entre chez Renault en 2005, sur le site de Cléon (Seine-Maritime), grâce à un bouche-à-oreille efficace. Le voilà attaché à la maintenance générale avant d’occuper le poste de chef adjoint de l’usinage des moteurs, un atelier qui occupe 600 personnes. En 2010, il prend en charge l’usinage des boîtes de vitesses, des pignons et des boîtiers. L’ensemble représente 110 lignes de fabrication qui tournent en trois-huit avec 900 personnes. En 2012, son employeur l’envoie diriger l’usine de Valladolid, en Espagne, d’où sortent plus d’un million de moteurs par an et plus de 600 000 organes mécaniques pour des constructeurs tiers, notamment Daimler.

Un an plus tard, départ pour la Slovénie dans l’usine de Novo Mesto où sont assemblés des véhicules, dont les Twingo et les Smart 4 places. Les opérations sont légion, depuis l’emboutissage jusqu’au contrôle qualité, en passant par le ferrage et la peinture. «Une expérience particulièrement enrichissante», affirme Patrice Haettel. Ayant fait ses preuves, il se voit confier, en 2016, la direction de cinq usines : Douai (Espace, Scenic, Talisman), Maubeuge (Kangoo), Ruitz (transmissions), Batilly (Master) et Novo Mesto. En 2018, les douze usines françaises, où travaillent 22 000 personnes, passent sous sa direction. En 2020 et 2021, sa responsabilité industrielle est étendue à l’Europe, hors Roumanie (Dacia) et pôle ElectriCity (Douai, Maubeuge et Ruitz). Depuis 2022, le monde lui ouvre les bras. Il participe à la direction générale en occupant les postes de directeur industriel de la marque Renault et de directeur de la stratégie et de l’ingénierie industrielles de Renault group. Le métavers et l’industrie 4.0 dépendent aussi de lui (lire page XX).

Savoir s’entourer

À la question «comment faites-vous pour vous en sortir avec des responsabilités aussi importantes ?», la réponse est limpide : «Il faut savoir s’entourer avec le bon niveau de délégation, tout en sachant faire grandir les membres de son équipe.» Patrice Haettel n’oublie pas non plus ses trois priorités : «En premier, la sécurité des salariés ; en deuxième, la qualité des produits et, en troisième, la performance opérationnelle.» Selon lui, «un bon manageur doit constamment s’interroger sur “le comment faire” pour que cela fonctionne seul ». Effacer autant que possible son poste de manageur, en quelque sorte.