Industrie / Portrait

Immergé au cœur de l’industrie 4.0
De Sagem à Siemens, Olivier Riou (An. 194) a toujours occupé des postes offrant des défis. Une fois ceux-ci atteints, et sans autre challenge, le voilà reparti pour une autre aventure professionnelle. Le « ronron » quotidien est son ennemi.
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Par Djamel Khamès
Publié le 2023-08-31
Fâché avec les mathématiques, Olivier Riou était régulièrement mal classé dans le lycée qui le préparait aux écoles d’ingénieurs, et ce jusqu’au concours, qu’il bûcha en stratège. Le jour J, il surprit ainsi tout le monde en révélant sa capacité de dépassement. En 3e année, la découverte du management de la qualité, qui fera l’objet de son mastère spécialisé, l’enthousiasme. « C’était vraiment mon truc », dit-il un sourire aux lèvres.
Quand, en 1999, vient le temps du premier emploi, le jeune homme identifie le secteur de l’automobile comme le plus exigeant. Recruté par la filiale « auto » de Sagem comme ingénieur qualité production des calculateurs du contrôle moteur, il y trouve esprit d’équipe et rigueur, deux éléments qui l’incitent à y rester malgré la cession de cette entité à Johnson Controls Automotive Electronics quelques mois après son arrivée.
De la gestion qualité à la gestion par la qualité
Peu de temps après, une crise survient sur le montage d’injecteur essence dans l’usine de Greenville, en Caroline du Sud (États-Unis). « En quatre mois, le nombre de défauts par million de pièces livrées est descendu de 5 000 à 50 », se souvient-il. D’ingénieur qualité production, Olivier Riou est propulsé responsable qualité de l’activité contrôle moteur.
En 2004, la division « Défense Sécurité » de Sagem lui propose la direction de la qualité. Cette entité prend le nom de « Morpho » (leader, entre autres, des systèmes gouvernementaux et des terminaux sécurisés) lors de la fusion des groupes Sagem et Snecma, qui voit naître Safran. Sans forcément le conceptualiser, il bâtit chez Morpho un système de qualité totale ou « gestion par la qualité » : « Mon équipe, recrutée dans le métier, connaît tous les clients, tous les projets, toutes les phases de vie de différents projets, et chaque membre peut basculer lorsqu’il le souhaite dans les équipes opérationnelles. »
Une fois ce système déployé dans toutes les filiales de Morpho, Olivier Riou, membre du comité « qualité groupe » de Safran, est séduit, en 2012, par la problématique « qualité » que rencontre Messier-Bugatti-Dowty, aujourd’hui Safran Landing Systems. Il va y lancer ses premières expériences de mégadonnées (big data). Ce sera aussi sa première expérience d’industrie 4.0.
Deux ans plus tard, nouvelle équipée chez Oberthur Technologies, numéro un mondial de la carte à puce, où « [il s’est] assuré de la qualité des équipes, [a] repositionné la qualité au centre, résolu les incidents en première ligne et institué des rituels et des pratiques au service des métiers ».
Au cœur de l’industrie 4.0
En 2016, il rejoint Braincube, spécialiste du traitement des données au service de la performance opérationnelle, comme directeur qualité et stratégie. En un an et demi à peine, il parvient à faire certifier les services qualité et cybersécurité par le meilleur auditeur de l’Afaq (Association française pour l'assurance de la qualité). Ici, il élargit ses compétences à la stratégie et entre de plain-pied dans l’industrie du futur.
Il rejoint le groupe Siemens en 2018 en tant que directeur du Digital Experience Center de Siemens France. Installé dans les locaux du CEA-List, il y tisse un écosystème unique, au sein duquel il est aujourd’hui chargé de quatre missions : piloter des projets de recherche bilatéraux avec le CEA ; créer des projets collaboratifs Siemens-CEA au bénéfice de clients finaux ; accompagner la réflexion des industriels sur leur performance industrielle ; connecter les start-up, en commençant bien sûr par Tridimeo, créée par le CEA lui-même. Comment Olivier Riou voit la suite ? « En participant, pourquoi pas, à la création du 13e centre de R&D de Siemens en France. »